Le jeune homme que j'étais à première lecture.

Quand je ré-ouvre et feuillette des livres que je possède depuis longtemps et que je tombe sur des notes au crayon à papier que j'avais prises - ou des passages soulignés - lors d'une première lecture, quand j'avais peut-être 19, 20 ans, j'ai dû mal à discerner mon intérêt d'alors. Aujourd'hui sans doute ce sont d'autres phrases qui retiendraient mon attention. D'autres phrases dans les mêmes livres. Je trouve les phrases soulignées à 20 ans assez quelconques et elles ont dû mal à retrouver, à redessiner les traits du jeune homme que j'étais à première lecture - jeune homme assez quelconque ?

Je me souviens juste que je ne cherchais pas des réponses dans les livres mais des motivations. Des encouragements à ce que j'étais. Des permissions de minuit.

Je brûlais de potentiels enfouis et n'arrêtais pas de me cogner à la mollesse pataude des propositions de l'existence.

Encore aujourd'hui où je me sens souvent freiné. Empêché. Malgré moi, le plus souvent. En raison de ma nature, parfois.

Mes ambitions sociales se dégoupillaient pour la promesse d'une histoire d'amour.

En amour comme pour le reste, toute notion de ruse ou de calcul m'était étranger.

Le goût des livres - l'importance cruciale donnée à ceux qui me touchaient - m'était tombé dessus. Comme Paris, Comme la solitude. Comme la passion amoureuse. Comme l'amitié déçue de ne pas être sans découragements.