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Le temps supplémentaire.

J'ai toujours été un petit voyageur et un grand solitaire.

Dans cette solitude il m'arrive d'être apaisé, de me sentir bien, comme je l'étais les samedis en début de soirée dans ma chambre d'enfant au retour d'après-midis remplis de copains et de cabanes dans les forêts d'lle-de-France.

C'était formidable le samedi soir, parce qu'il y avait encore la promesse du dimanche. Le temps supplémentaire.

S'il m'arrive de me surprendre à me sentir bien, encore aujourd'hui, ces moments de quiétude je les dois, et puis je les dédie, au souvenir de mes parents.

Il m'arrive toujours d'avoir les larmes aux yeux de leur absence.

Plusieurs fois sans prévenir.

Pour mon nouveau roman : L'appel de Portobello Road, j'ai vraiment fait un service de presse riquiqui. C'est mon 12ème livre et je n'ai aucune envie de l'envoyer à tout un tas de journalistes qui n'en ont jamais eu rien à braire de mon existence (littéraire). Pour que le roman se retrouve deux jours après sa sortie dans les bacs à solde, no thanks. Ce milieu me déprime souvent, ma naïveté et mon enthousiasme me sauvent parfois, et si je n'ai jamais beaucoup de courage j'ai cette forme de bravoure qui se définit par une naïveté qui n'est pas dupe. Au bout du 12ème livre, ça me fait du bien de ne pas l'envoyer aux figures imposées des indifférents dont on espère toujours quelque chose qui n'arrive jamais. C'est une petite liberté et une grande bouffée d'oxygène pour soi-même.

En même temps je sais, pour l'avoir vérifié plus d'une fois, que parfois ceux dont on ne soupçonne pas l'intérêt qu'ils vous portent peuvent intervenir en votre faveur, et ceux dont on attend monts et merveilles ou ne serait-ce que l'expression ou la continuité de leur fidélité ne bougent pas le petit doigt.

Grêle et tempête tout l'après-midi. Bien travaillé depuis deux jours : un synopsis, un scénario. Des textes de chansons. D'autres choses en cours. Même si j'étais par instants fatigué du vent qui soufflait comme un diable et parfois semblait peser directement sur mes épaules, me rentrer dans la tête.

La véritable carrière de Portobello commence cette semaine. Les premiers retours de lecture, les premiers échos. Plusieurs semaines pour que cela prenne ou pas en librairie. Quand je pense à la sortie d'un roman je m'imagine toujours au temps des pirates, poings liés au bout de la planche en bois à l'horizontale du navire et surplombant un océan d'incertitudes. Angoissé comme un condamné, plus rien n'est de votre ressort. Vous êtes à la merci des vents, favorables ou non.

Il faut se tenir droit, et ne pas être trop triste quand les gens vous consacrent deux lignes et passent à autre chose.

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