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05.07.08. Musique. Je cherche encore une main déterminante pour hisser mon travail à la surface. Mais la surface est si mouvante finalement, que les profondeurs sont enviables.

 

Peur du ciel pur. S'amuser de la nuit. Deux phrases que j'aurais porté à ses oreilles si elle avait voulu se séparer de ses affreuses boucles.

 

Penser aux choses à faire est toujours stimulant. Après, comme tous les flambeurs d'idées, les impatients, il s'agit de s'épuiser à ne pas les perdre en chemin jusqu'au moment où elles viendront sans peine. Je continue à croire en Paris tant que je croie qu'un visage puisse faire détonateur.

 

A. me dit : "Tu vas trouver ça stupide mais, plus jeune, j'avais toujours peur d'avoir un accident à la main qui m'empêche de dessiner"

- Pas du tout, dis-je, c'est comme les chanteurs qui ont peur de perdre leur voix. Ou alors c'est comme les grands amoureux qui ont peur de perdre leur chérie. Ou alors c'est comme les peintres qui ont peur de perdre leur modèle. Ou alors c'est comme les modèles qui ont peur de perdre leur vie extérieure.

 

06.07.08 Samedi passé à travailler sur une nouvelle titrée jusqu'à présent : Le boulevard Saint-Germain est en sens unique. Les projets de textes de chansons viennent parfois me harceler, me divertir, m'assécher comme d'effilés et d'obsédants moustiques. J'ai retrouvé dans un coffre la caméra super-8 qui a appartenu à mon père, et dont il s'est tant servi, dans les destinations où son travail de pilote de ligne l'a conduit pour un temps plus ou moins long : Douala, Tahiti, Los Angeles. Une magnifique Bauer C2 A, aussi séduisante qu'un vieux modèle de revolver. Nuit de samedi à dimanche quasi-blanche où j'ai commencé à lire une bio en anglais de l'actrice américaine Tallulah Bankhead.

 

En librairies, la facilité avec laquelle on peut tomber sur de mauvais livres, des romans vains, qui n'inspirent que des bâillements, n'ont aucune grâce, et ne tendent vers rien de crucial. Bon, tant qu'en proportion les livres restent quand même plus fiables que les gens...

 

C'est l'ennui qui souvent, chez les femmes, est moteur de décisions importantes, changements de direction ou de vie. Pour les hommes, la plupart du temps, c'est la bêtise.

 

07.07.08 Goûter avec Mareva chez Ladurée, rue Jacob. Plus tard, je croise Sofia, rue de Grenelle. Elle me raconte quelque chose et je dois lui faire une réflexion débordante d'optimisme puisqu'elle s'étonne : "Je suis heureuse de t'entendre dire ça. Quand je pense qu'il y a six mois, tu étais si triste, tu ne croyais plus en rien, tu me disais : Tu vois, même les rues de Paris, qui autrefois portaient mon amour, sont indifférentes, aucun cœur ne laisse d'empeintes..." Je reconnais immédiatement dans ces pensées un ordre et une sensibilité qui me sont propres, un registre. Je crois d'ailleurs avoir mis cette idée dans Le garçon qui dessinait des soleils noirs. Or, il est vrai je viens de dire à Sofia quelque chose qui, spontanément, brillait d'une lumière toute autre.

Je garde pourtant, vis-à-vis de ces pensées, une sorte de parenté, de lien familial. Le bonheur je le vis comme une fugue ; comme un fils indigne rêve de s'affranchir de la mélancolie et de la gravité qui l'ont élevé.

Voilà. Je dirais qu'il faut croire en la vie tant que le bonheur peut être vécu comme une forme - même illusoire - d'émancipation.

 

11.07.08 Toute la journée en studio à Clichy pour tourner dans le clip de Stéphanie Sandoz, sur la chanson dont j'ai écrit le texte. Stéphanie m'a demandé un texte il y a quelques mois, je ne la connaissais pas et j'ai commencé par lui dire que je n'avais pas le temps, que je n'ai jamais de textes en stock (ce qui est vrai), que j'écris vite mais sous l'impulsion du bon moment, et que parfois ça peut prendre un bon bout de temps avant que ce soit le bon moment !

Et puis Stéphanie a insisté, insisté encore, est revenue à la charge des semaines plus tard, et j'ai fini par lui envoyer quelque chose. Au final, ce que la compositrice et elle ont fait de mon texte est vraiment très bien, m'émerveille tout à fait. Aussi, quand elle m'a demandé si je voulais bien jouer dans son clip, j'ai dit oui tout de suite.

Sur le plateau, avec la chaleur et l'immobilité que je devais garder tandis qu'on réglait la caméra, ma première participation fut de m'évanouir.

Ma première apparition, de disparaître. Il faut dire que je n'avais rien mangé depuis la veille. Je suis devenu pâle comme un linge, pris d'un étourdissant malaise. Du coca-cola, des madeleines et des bonbons Michoko m'ont remis d'aplomb.

Journée plaisante mais épuisante, à attendre un temps monstre entre les prises. Heureusement, j'avais emporté avec moi l'autobiographie de Frank Capra, Hollywood story, qui est une merveille de récit et de lecture.

 

14.07.08 Cauchemar dans lequel je découvre qu'A. ne m'aime plus et m'a quitté. Une nouvelle qui me laisse à la fois anéanti et résigné. Le soulagement de me réveiller de ce cauchemar, et d'apercevoir A. dans le lit, à mes côtés. Après, je me suis demandé comment j'avais pu être si résigné malgré l'intolérable douleur ressentie. Ces deux sensations coexistaient dans l'état qui était le mien, en plein cauchemar. Je crois que c'est un fatalisme empirique, qui se nourrit de mes histoires récentes et remonte à ma longue histoire avec Marine il y a quelques années. J'ai aimé Marine plus que tout, et pourtant, à un moment de notre histoire, je me suis vu la considérer comme dispensable, puis, à un autre moment, je l'ai vue s'écarter de moi comme si elle était une parfaite étrangère. Elle était à côté de moi, et elle parlait au téléphone à des amies, pour le travail, et dans les inflexions de sa voix, ses réactions, elle me semblait déjà lointaine, comme dépossédée de notre lien et des inflexions que je lui connaissais. Désincarnée de notre intimité. Depuis, j'ai gardé le sentiment curieux que l'être aimé, sa douleur, ses décisions, son corps, sa volonté...se parent souvent d'une énigme dont la forme initiale est l'abstraction. Que seule l'intensité de l'amour tant qu'il dure masque cette abstraction, mais qu'aussi haut que nous puissions aller par amour, l'homme retombe toujours dans la solitude aussi naturellement que le chat sur ses pattes.

 

15.07.08 Relu dans son intégralité mon Journal des années 93-94 (off line). Rien trouvé de bon. Peut-être que dans quinze ans je relirai mon Journal 2008 et rien ne trouvera davantage grâce à mes yeux. J'ai juste trouvé que j'étais particulièrement dur, cinglant, définitif, envers des personnes qui n'ont plus...d'intérêt ? d'importance ? ...du moins plus aucune crédibilité aujourd'hui dans ma vie. Mais que ne s'escrimaient-elles pas à me décevoir ou à me blesser du tant que je les fréquentais - et, à me relire, je ne doute ni de l'intransigeance de ma jeunesse ni de la sincérité avec laquelle j'accueillais ses blessures. Allez, tout cela est bon pour le vent. Je crois quand même que depuis quinze ans mon écriture a changé. Je fuis tout autant la stricte ou triviale anecdote, mais pour les gens qui me désolent je choisis la plupart du temps de ne pas écrire avec trop de précision à leur sujet (comme peut le faire Jean-René Huguenin par exemple), je leur décerne l'oubli instantané, régulier et normal du jour qui en chasse un autre, ou bien, en cas de trop beau pour être vrai, ce que leur outrance m'évoque file directement dans la fiction puisque j'ai le choix aujourd'hui par rapport aux années 93-94 de pouvoir faire aussi des oeuvres fictionnelles. Ainsi je dépossède ceux qui m'ont blessé de la paternité de leurs blessures, par élégance, gifle encore plus grande ou souci de tranquillité, et la façon que j'ai de les tenir à distance de mes préoccupations est de ne pas les inclure dans l'écriture et le travail du Journal.

 

J'initie A. à la comédie américaine des années 30 et 40. Je lui dis : Il y a sept jours dans une semaine. Trois pour préférer Lubitsch, trois autres pour préférer Capra. Et un dernier pour trouver du charme à Cukor, Hawks, etc.

 

Capra qui voue une admiration quasi-amoureuse à l'actrice Barbara Stanwyck (qui joue dans un film noir de Billy Wilder que j'adore : Double Indemnity) raconte que son seul défaut était d'être excellente uniquement sur une prise, la première fois. Ensuite, ça se gâtait. Sur le plateau de Capra, il fallait tout régler, répéter pour que tout soit au point avec les machinos et les acteurs avant de faire venir Stanwyck. Lisant cette anecdote, j'ai beaucoup pensé à la chanson française. Je trouve que beaucoup de chanteuses ou de chanteurs sont des sortes de Barbara Stanwyck. Qu'ils n'interprètent bien ce qu'ils ont à dire, qu'environ une seule fois. Et le reste du temps, ou les fois suivantes, ils font du karaoké de leur interprétation. Mais c'est aussi dû aux chansons qu'ils chantent.

 

En parlant de Barbara(s) j'ai reçu l'article charmant et inspiré que m'a consacré Bernard Merle dans sa revue : La lettre des amis de Barbara. Il y écrit : "Quoiqu'affublé par la critique d'une horde d'influences anglo-saxonnes, confirmées par son récent essai : Le rouge et le bleu ou comment les chansons des Beatles infusent dans l'existence, Attal, chanteur, descend tout autant de Thiéfaine et de Françoise Hardy, qu'auteur, de Matzneff et de Françoise Sagan (...)"La lettre des amis de Barbara donne un deuxième souffle à ma nouvelle Le sombre amour de Jacques Mesrine que j'avais écrite pour la revue Bordel n°7 en la publiant dans son numéro d'été, et évoque à cette occasion mon prochain roman : Le garçon qui dessinait des soleils noirs, dans lequel il sera question, au cours d'un dialogue entre deux personnages, de la magnifique et poignante chanson de Barbara : Drouot.

 

Deux choses qui me sont en terme de prix, hors de portée. Pouvoir payer des vacances à mes voisins du dessus qui martèlent le plancher de leurs pas lourds et disgracieux. Il y a des fois où je dois me plier aux horaires de tout un immeuble pour pouvoir dormir ou travailler.

Et les bibliothèques étagères Ptoloméo dont m'a parlé Emma (Cosso) et qu'on trouve au Conran Shop. Je lui ai dit que j'avais adoré la disposition de sa bibliothèque dans sa maison de campagne, que pour moi une des choses les plus compliquées au monde était d'agencer mes livres de manière à trouver celui que je désire au moment exact où je le désire (les rues et les filles s'agencent parfois de manière plus douloureuse encore, impossible, que les bibliothèques et les livres) et Emma m'a parlé de ces épatantes bibliothèques étagères Ptoloméo sur pieds. Je cours faire un tour chez Conran Shop pour les admirer. Sublimes mais elles sont définitivement hors de prix.

 

18.07.08 Je fête les dix ans de ce Journal dans la plus stricte confidentialité. C'est normal, les milliers de lecteurs qui depuis dix ans sont passés par ici, la plupart n'ont pas tenu la route, certains s'y sont attachés puissamment pendant quelque temps, puis s'en sont éloignés comme avec une période spécifique de leur vie, puis y sont revenus avec une violence neuve, d'autres ont disparu pour toujours (bon vent), comme dans la vie les gens déboulent et disparaissent ; quant aux fidèles absolus de l'à peu-près première heure ou des dernières années, des semaines en cours, ceux qui depuis le départ ont rattrapé le temps perdu, ou ceux qui prennent en marche et qui ont ressenti immédiatement la nécessité, la persévérance et la vitalité extraordinaires de ce travail, ils sont disséminés dans le monde francophone, chacun dans son intimité féconde. Il y aurait pu avoir quelque chose de fait, d'organisé, pour les dix ans de ce Journal, une tentative. Il faut dire que j'espère toujours en sa publication et sa diffusion en librairie, un jour ou l'autre, par épisodes mais dans son intégrité, et en fin d'année dernière j'ai refusé en bloc les quelques propositions d'éditeurs qui voulaient faire le coup des "Dix ans du plus vieux blog d'internet" ce genre de publicité en un best-of tonitruant d'une centaine de pages. Oui, l'idéal serait de le sortir par volumes de deux ou trois années chacun. Par fille, ou amoureuse, pourrais-je dire dans mes moments les plus cyniques.

J'aurais pu organiser une petite fête des dix ans...Bon, aujourd'hui je suis seul et il est plus simple de réaliser ce genre d'initiatives dans le cadre d'une structure j'imagine, comme au temps où j'étais signé par un label par exemple. Mais j'ai quitté mon label il y a un an et demi, et bien qu'ils fussent toujours prêts à organiser des petites soirées sympathiques pour un oui ou pour un non (enfin, plutôt pour un oui), ils n'ont jamais rien compris à ce travail littéraire et n'ont jamais vu le lien qu'il pouvait y avoir avec mon travail musical par exemple (si tant est qu'ils aient compris ce dernier davantage).

 

20.07.08 Travailler ? Vivre ? consistent à remettre toujours à demain non pas le bonheur, mais l'organisation d'une idée personnelle (et mouvante) qu'on se fait du bonheur.

 

Paris (et ailleurs) : Il y a toujours un vacarme de plafonds pour gâter la beauté du ciel.

 

Un couple devant moi, dans la rue. Je distingue distraitement leurs paroles à mesure que je me rapproche pour les dépasser. Soudain, la fille s'exclame : "Oh tu sais, c'est génial pour Jérôme !".

Je ne les connaissais ni d'Eve ni d'Adam (ni du serpent)...mais je fus pris d'un violent désir que cette promesse d'un événement génial me fût adressée ; la valeur d'un oracle dans les rues de Paris.

 

Lu la merveilleuse nouvelle de Fitzgerald : That Kind of party.  

 

Autant la relecture de mon Journal des années 93-94 m'a déplu ; autant j'ai été profondément bouleversé en retrouvant le Journal des années précédentes : 91-92. Beaucoup de nostalgie à le parcourir, et j'ai retrouvé de manière très solide et vivante les enjeux, les instants et la saveur précise de ces années-là, ultra romantiques en dedans et feutrées pour l'extérieur. La vaillance d'un jeune cœur et l'indécision des contours (êtres croisés, êtres retenus). De bonnes phrases aussi comme  :

"Finalement les autres vous bernent plus qu'il ne vous blessent."

 

Frank Capra, dans son autobiographie : "Les filles qui se font siffler dans la rue ne sont pas forcément attirantes. Les hommes sifflent surtout pour extérioriser leur libido. Mais, lorsqu'ils en pincent vraiment pour une fille, ils ne sifflent pas. Ils souffrent."

 

J'ai toujours eu une sainte horreur du sans-gène. J'abbhore tout à fait les gens qui débarquent dans votre vie sans tenir compte de vos spécifités propres, sans faire la proposition de votre mystère. Ceux qui vont droit chez les autres comme ils se sont trouvés avec eux-mêmes. Ce genre de cuistres m'a toujours profondément déplu. Je les tiens à distance. Je veux dire à distance de la distance nécessaire à laquelle il faut tenir toute personne hormis peut-être, et fiévreusement, l'être aimé.  

 

23.07.08 Parallèlement aux projets de textes de chansons que j'ai en route, je travaille jour et nuit sur un recueil de textes et de nouvelles dont l'idée m'a été donné par Yves Jolivet. Je suis très emballé par ce travail et la forme qu'il prend. Si je poursuis à ce rythme je l'aurais terminé d'ici quelques jours. Je l'enverrai tout de suite aux éditions Le mot et le reste, puis dans un second temps si ce n'est pas concluant, à d'autres éditeurs.

 

24.07.08

 

Les êtres filent à toute allure. S'ils laissaient au moins des preuves tangibles.

 

Café avec Stéphane, à Auteuil. Il me parle de personnes que je connais, de vue ou d'une vue un peu plus rapprochée, de gens que je n'aurais jamais mis ensemble, jamais pensé qu'ils puissent tomber amoureux les uns des autres, ou avoir de petites love affair comme on dit, la belle affaire. Pourtant ils sont, séparés ou ensemble, depuis peu, depuis quelque temps, un temps qui m'a échappé, je ne me tiens pas toujours au courant des histoires, j'ai mes propres obsessions, bon, et alors quoi, qu'est-ce que me raconte Stéphane, hé bien voilà ils se sont rencontrés un soir, un événement précis pactise à leur rencontre, et machin quitte machine pour machine, un type que j'ai vu se comporter de manière odieuse avec son ex, qui en soirée lui parlait comme à une merde, conquiert une autre fille qui me semblait merveilleuse en toute chose, c'est comme ça, c'est la grande distribution de petits rôles, ça part dans tous les sens, c'est Paris. Et qu'est-ce que ça me dit, tout ça ? Hé bien que le hasard y est pour beaucoup dans les rencontres, pour beaucoup moins dans les séparations.

 

28.07.08 On m'a demandé d'écrire un petit texte en deux coups de cuillères à pot. Des gagnantes du popstars britannique. Petite bluette pop, ça va vite, on ne comprend pas grand chose (comme dans l'amour, parfois) mais l'énergie de la chanson et les filles plutôt jolies qui l'interprètent m'ont entraîné. Et puis j'ai réussi à caser un petit truc attalien dans le pont : "Les mots ne servent qu'à faire de la peine, demain qui s'en souviendra..." Yo ! C'est ici et ça s'appelle : Je ne parle pas français.

Hier, 20h43, Anne dans une robe simple de couleur gris sombre et coiffée d'un chignon, traverse lentement la cour. Sous le temps qui tourne à l'orage, elle agite en passant son trousseau de clés au-dessus de la tête du chat qui vagabonde sur les pavés.

Après quelques ébauches qui me plaisaient sans me convaincre tout à fait, j'ai trouvé hier midi l'angle d'attaque pour le prochain numéro de la revue Bordel ; du coup, je m'amuse comme un petit fou à écrire mon texte, rapidement, par éclairs ; autant que lorsque j'avais fait mes 15 x Patrick Dewaere. C'est presque terminé, mais je laisse reposer un jour ou deux pour laisser la chance à d'autres idées-phrases encore, d'apparaître.

Aujourd'hui, je suis passé à l'espace Kiron où William Rousseau tournait son premier clip. Longuement parlé avec Yelena, nous étions tout contents de nous retrouver. Je lui ai montré les petites icônes portatives qu'elle m'a donné il y a quelques années et que je garde toujours avec moi. Yelena, sublimette dans le clip de "Comme un soviet" et William est vraiment très convaincant. D'après les images que j'ai vues dans le moniteur, le clip va être extra, magnifique et enlevé. 

En marge du clip, j'ai bien aimé la grâce de la maquilleuse (cheveux attachés quand je suis arrivé, dénoués par la suite)

et la manière dont elle ôtait ses espadrilles à chaque fois qu'il lui fallait se rendre sur le set. 

Cyrille était présent, il figure dans le clip puisque depuis que je l'ai présenté à William, il travaille avec lui et participe activement à ce projet. J'ai souvent été désolé que le milieu de la musique n'utilise pas Cyrille à son immense et juste valeur et donc je suis content qu'il ait une activité visible, soutenue, et passionnante avec William, à un moment où l'aventure avec mon groupe est sur le bord de la route, les quatre pneus à plat. Un petit pincement au coeur quand même d'une situation qui me tient loin de mon prochain disque, presque étranger aux chansons déjà faites, faute d'appuis, de volontés, mais c'est comme ça pour le moment.

 

29.07.08

 

Avec le recul, je m'étonne de m'être laissé emporter par certaines histoires, certaines amitiés, certaines amours. Je me dis : mais comment ai-je pu tenir aussi longtemps ? En fait, c'est l'histoire du scenic-railway. On m'a souvent reproché de vivre les choses à fond, de manquer parfois, mais de manquer héroïquement, de recul. Or, comment descendre en marche d'histoires qui vous impliquent comme un tour plus ou moins long en scenic-railway ? Je veux dire, on ne descend par en marche pour aller faire un ping-pong. Et l'idée de tout recul, une fois l'histoire lancée, ferait trop mal au coeur...

Oui, j'y suis allé à fond chaque fois, comme en tête de train d'un scenic-railway.

 

31.07.08 J'ai rendu hier matin mon texte pour le numéro 09 de la revue Bordel, à paraître en octobre. Galvanisé par l'enthousiasme de Stéphane que j'ai eu au téléphone dans la soirée, j'ai passé toute la nuit à trouver de nouvelles idées encore, et à ce rythme je pense pouvoir en faire un petit livre que je lui proposerai bien...Pour plus tard ; si la nouvelle reçoit des échos + que favorables à sa sortie. La suite sera prête au cas où...Nous verrons bien. Ce travail me permet avec une fausse désinvolture de livrer quelques fusées sur l'histoire de l'art, et je me régale. Encore trois nuits blanches, et j'ai cent pages !

L'idée c'est quand même de travailler au maximum en été qui est une saison à la con, pour pouvoir mieux profiter de l'automne, plus subtile. Enfin, ce qu'il reste de l'automne. Les quelques jours de véritable automne qui s'amenuisent au fil des ans, tant le specimen d'être raffiné qu'est l'homme aura réduit la planète à un long été, étouffant et pourri. Un papier gras.

Je travaille également sur des chansons ; des musiques qu'on m'envoie, qui m'inspirent une direction intéressante ; des phrases de feu ; et d'autres musiques qui sont sur ma table de travail depuis longtemps. Les journées s'organisent ainsi. Dès qu'il y a un peu de calme dans cet immeuble infernal je travaille sur mes projets littéraires ; dès que c'est le boucan à tous les étages, je m'enferme dans la musique et suis condamné aux chansons si j'ose dire. Entre les travaux d'un appartement à l'autre, les voisins de l'étage du-dessus qui martèlent le plancher de manière si tonitruante et professionnelle qu'on se croirait dans un magasin Bally spécialisé dans les sabots suédois, les mômes qui hurlent dans l'escalier avec tant d'appétit que cinq fois dans la journée j'ai l'impression que ce sont les sept nains qui partent ou qui rentrent du travail, le dangereux facho du premier qui insulte tout le monde avec une grossièreté et une haine incurables, cela devient absolument invivable. Après, il y a l'incertitude, le temps et l'énergie, qu'il faudrait déployer pour trouver un autre appartement (plus spacieux, et qui s'ouvre sur une cour arborée aussi charmante ?), le problème de devoir fournir tout un tas de justificatifs et des feuilles de salaires pour quelqu'un comme moi qui n'a pas de revenu fixe, qui gagne des clopinettes par rapport au travail qu'il produit, et, qui plus est, n'est qu'en de rares fulgurances satisfait de ce travail, quasiment jamais des répercussions qu'il a.

Parfois, quand même, le tel sans-gène et la grossièreté des résidents de cet immeuble me pèse sur les nerfs, mais bon, moi qui suis du genre à ne jamais claquer ma porte, à la fermer avec la clé déjà en prise dans la serrure, on comprendra le niveau de violence avec lequel je reçois le comportement, la familiarité ou le naturel insouciant, de la plupart des gens dans la vie.

 

Tristan m'a envoyé une vidéo qu'il a réalisée avec des séquences de vieux films pour notre chanson Tralala song ; l'une de celles que je préfère dans notre projet : Werther or Stavroguine. J'aime beaucoup cette vidéo. Je ne comprends pas vraiment la direction qu'il a prise à partir du deuxième couplet (après le refrain), mais dans l'ensemble cette vidéo me laisse une impression sensass.

(Sans sas ? Non, sensass !)

Pour revenir à cette chanson, je me souviens du moment plaisant où je me rends chez Tristan dans le quatorzième arrondissement, pour lire, à Marc et à lui, le texte que j'avais écrit, et poser une voix sur cette sublime musique. Je leur annonce : "Voilà, ça s'appelle : Tralala song" ; et je m'amuse à voir leurs deux têtes surprises et dépitées à l'annonce d'un tel titre. Quoi ? Tralala song ? Tu es certain...???

Bon, ils se sont calmés dès que j'ai commencé les premières phrases.

 

 

 

Comme évidemment, plus j'avance, et plus les personnes qui découvrent mon travail et s'y attachent par une entrée ou une autre, ont le désir d'en connaître davantage, je reçois fréquemment des demandes concernant Comme elle se donne, le disque. Encore aujourd'hui, une lectrice de L'amoureux en lambeaux m'envoie ce mot : "Je suis passée hier au Virgin et concernant ton CD ils m'ont dit que je le trouverais peut-être dans les bacs des soldes mais pas sûr.. ( lorsque j'ai vu les bacs des soldes j'ai été découragée de fouiller dans cet amas désordonné...) alors j'ai continuer jusqu'à la fnac et là ils m'ont répondu qu'il ne vendaient pas tes CD..." Je devrais renvoyer chaque personne vers mon ancien label, mais je crois qu'ils ont pilonné ce qu'il restait de mes disques, quelques chose comme ça ; et puis vu la manière pathétique dont ils se sont comportés au moment de la sortie de L'amoureux en lambeaux, refusant catégoriquement d'envoyer le moindre petit mailing pour annoncer mon roman, ce genre de choses, alors qu'ils se revendiquaient toujours - à l'époque, et par contrat - éditeurs de mes chansons, et qu'ils n'ont faits aucun cas de mon travail comme par exemple de la chanson : L'amoureux en lambeaux, je n'ai nulle envie d'envoyer quiconque vers eux. Alors, adieu Comme elle se donne, et vivement le prochain disque avec je l'espère une équipe qui me conviendra mieux, si je puis dire. 

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