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03.01.00  Souper au Bistrot de la grille à l'angle des rues Guisarde et Mabillon. David me demande : - Tu rpéfères qu'une fille vienne chez toi, ou tu aimes bien aussi découvrir où elle vit ? 

J'aime bien aller chez une amoureuse, arriver une demi-heure voire une heure en avance et prendre possession du quartier, traîner dans le périmètre des dix-huit, dix neuf heures, calme et confiant dans l'excitation alentours, les gens qui se pressent sur les trottoirs, devant les magasins, sans rien soupçonner du bonheur qui m'attend et de la lenteur qu'il requiert, les pas rapides, les stations décidées ou improvisées de leur lieu de travail à leur domicile, le quartier reconnu, les voisins irritants ou simplement transparents, la nuit avancée, froide, bientôt souveraine, la vie fourmillante et le décompte des minutes sur les horodateurs (j'ai toujours trouvé ça moins con, moins absurdement masculin, comme système de lecture, que de devoir s'encombrer d'une montre à son poignet) qui se résout à l'heure dite par un code d'accès à l'appartement de la fille en question, la fille en question qui ne me laissera pas longtemps sans réponse, la fille à adorer pour lui plaire et qui s'est fait belle, à la perfection ou avec les moyens du bord.- Ah c'est bien. Moi aussi, interrompt David, rêveur. J'adore aller chez la fille. Surtout qu'en plus j'habite chez mes parents!  

 

05.01.00 Guillaume (ingé-son) me soutient que l'espérance de vie des ingénieurs du son intermittents du spectacle est en moyenne de 63 ans. Aussi l'ai-je particulièrement bichonné, lui faisant chauffer de l'eau de source pour le thé, lui ouvrant ses boîtes de sardines, lui découpant délicatement son pain préféré aux cinq céréales, diététique, fleurant bon la santé, et puis au bout d'un quart d'heure de pause sauvage tout en gardant la main sur le couteau qui m'avait servi à lui préparer un petit casse-croûte, je l'ai sommé de retourner au travail s'il ne voulait pas faire chuter les statistiques. 

 

La réaction des gens devant la mort. J'apprends à Sylvain (bassiste) que deux personnes sont mortes ce matin de la listériose après avoir ingurgitées une certaine marque de rillettes. -Putain! s'écrie Sylvain, et moi qui adore les rillettes..!   

 

09.01.00 Kiekergaard's bazar. Durant son séjour parisien, Christian, a pillé le Lafayette Gourmet en prévision de séduire sa nouvelle proie (lire au 18.12.99.) férue de culture française et qui au cours d'une conversation lui a proposé de l'accompagner au centre culturel français à Londres où elle aime passer ses week-ends. Seule ombre au tableau, cette jeune femme originaire du nord de l'Angleterre qui travaille dans la même boîte que lui est en cheville avec un français expatrié, mais elle s'en est ouvertement plaint à Christian regrettant qu'au début de leur liaison il lui parlait beaucoup français et l'aidait de la sorte à faire des progrès tandis que maintenant après trois ans de relation il ne fait plus le moindre effort et lui parle dans un anglais assuré et sans surprise (quand il lui parle). Le plan de Christian est simple : lui rappeler sa proposition d'une sortie à deux au centre culturel français, puis la ramener chez lui pour boire un thé, et là une fois installés au chaud dans son flat huppé du quartier de Westminster lui sortir (du frigidaire) sa botte secrète : à savoir les produits français (foie gras, Sauterne etc.) qu'il a rapporté du Lafayette Gourmet. Dès son retour à Londres, Christian me demande d'écrire en français une petite phrase de reprise de contact qu'il va pouvoir lui e-mailer tout de suite et secrètement au bureau, et voir si elle mord toujours à l'hameçon. Voici mon texte : " J'étais à Paris pendant les vacances de Noël. La France m'a fait penser à toi et à notre conversation, aussi je me demandais quand voudrais tu que nous allions ensemble au centre culturel français."   

Et voici ce qu'elle n'a pas tardé à lui répondre par e-mail :   "Salut! I'm going to reply in english - only because when I write french my spelling is terrible! Im glad you remembered! Quite a concidence because yesterday I got the January/February brochure for the films at the French Institute. I left it out last night with the intention of bringing it to work today to give to you but I've just looked in my bag and I must have left it at home. (Im taking a while to wake up this morning ). I'll bring it in on Monday and if you find something you want to go and see, we can go together if you like?"   

 

10.01.00 "Elle a oublié la brochure chez elle. - C'est plutôt mauvais signe... - Mais elle m'a dit qu'elle l'avait lue hier soir dans son lit. - Ah, ça c'est plutôt bon signe."   

 

11.01.00 Programme cinéma du centre culturel français à Londres : Vendredi : Un homme et une femme ; Samedi 18h30 : Ma nuit chez Maud ; Samedi 21h : Les liaisons dangereuses. 

 

12.01.00 X m'instruit : "Pour moi il y a deux sortes de gens, deux catégories : ceux qui prennent des risques, et ceux qui n'en prennent pas."

 

Auteuil. Au café qui jouxte le Prisunic, une jeune fille magnifique, couettes noires, chaussettes blanches, qui hésite à s'asseoir, vacille puis se ravise, répond au garçon qui s'enquiert de sa commande : j'attends quelqu'un, passe son corps à travers l'ouverture de la porte, fait un signe de la main à un autre garçon - pas de profession cette fois - qui en un rien de temps depuis l'autre côté de la rue s'engoufre dans le café, la salue d'un sourire esquinté par le froid polaire du dehors, sourire qui s'étire en tiède baiser sur la bouche, puis sur l'impulsion de l'un d'entre eux, elle ou lui cela m'échappe, s'en vont se poser chaudement dans le fond du café. Et moi qui regarde cette fille, en douce, par politesse ne serait ce que pour X qui se passionne pour une conversation qu'il me tient et qui dès lors ne me regarde plus, puisque je regarde cette fille, installé dans cette avant salle de café parisien, comme dans le pays le plus reculé du monde. 

 

"Je me souviens qu'à Michel-Ange Auteuil, là où il y a aujourd'hui un Monoprix (ou un Prisunic), il y avait autrefois un cinéma" (Georges Perec, Je me souviens, 1978.) 

 

18.01.00 Arte, documentaire de C.Najman : la mémoire est-elle soluble dans l'eau?  

 

19.01.00 Répétition : difficulté d'adapter pour la scène la version d'A côté aujourd'hui telle que nous l'avons réalisée en studio, ou plutôt pour le studio. En même temps, maintenant que nous sommes davantage satisfaits de la version disque, pas envie de revenir trait pour trait à ce que nous faisions en live jusqu'à novembre dernier. L'autre problème, lorsqu'il faut gérer des volumes, des sons, des séquences, c'est le régulier manque de temps qui nous est accordé - à notre niveau - en balance scénique; balances au lance- pierres la plupart du temps quand nous jouons sur un plateau de trois groupes ou bien en première partie d'artistes confirmés comme par exemple en première partie des X qui déjà refusaient de déplacer leur gros piano pourrave et nous confinaient à cinq sur une portion congrue de scène. Suite à quelques expériences de la sorte, nous nous sommes dits que le jour où nous aurions des premières parties nous serions beaucoup plus cool, conciliants, voire prévenants, protecteurs. Et puis un jour, la renommée (petite) aidant, il nous est arrivé de proposer des premières parties, et parmi elles des chanteurs et leur équipe aussi désagréables, arrogants et têtes de noeud que certaines têtes d'affiche dont nous avions croisés la route. . ; enfin, nous concernant, on est toujours aussi cool, dans la limite des stocks disponibles, en dépit du fait que quoiqu'en pense Mel Brooks dans La folle histoire du monde on ne chante pas mieux lorsqu'on se fait marcher sur les pieds. 

 

Fin d'après-midi, promenade de St-Cloud à Auteuil en suivant la Seine, boueuse. Quelque chose dans l'air froid qui revient comme l'envie de renouer avec un premier amour. Lui montrer coûte que coûte qu'on est devenu plus intelligent, plus habile ou plus habilité à être choisi mais que ça ne sert à rien, même pas à avoir un jugement plus aigu, tant la mélancolie absorbe tout. 

Je lance le groupe dans l'écriture de nouvelles chansons : toujours avoir des cartouches d'avance. 

C'est ce soir qu'en théorie Christian accompagne la jeune anglaise au centre culturel français de Londres. Pour le film, son choix s'est arrêté la semaine dernière sur "Et Dieu créa la femme" de Vadim et la jeune femme a paru emballée.- Bardot à 18 ans, St-Tropez... Ca va me plaire!" dit Christian. Je dis en théorie car depuis quelque temps Christian souffrait d'un petit soucis fort handicapant à l'oreille droite, et après consultation de son médecin, ce dernier a diagnostiqué un important dépôt de cire qu'il s'est proposé de lui enlever dès samedi (samedi dernier); voilà que le vendredi, à un jour de l'opération, sur les coups de 17 heures (heure anglaise) avant qu'elle ne file en week-end la jeune femme avec laquelle depuis l'heure du déjeuner il avait athlétiquement convenu du jour de leur rendez-vous et du choix du film, s'est levée de son bureau et s'est approchée de Christian en lui disant quelques mots qui sont malheureusement tombés dans son oreille droite, la mauvaise. Propos auxquels sur le moment, fort embarrassé de n'en saisir le sens, il n'a su répondre que par des petits oui vaguement approbateurs et des sourires gênés. Aussi, au jour d'aujourd'hui, il ne sait toujours pas si elle venue lui dire qu'elle décommandait, ou simplement qu'elle confirmait le rendez-vous pour la semaine prochaine avant de partir en week-end, ou bien si elle lui parlait de tout autre chose, de la vacuité des hivers londoniens ou de la bosse aperçue à midi sous la couture de son pantalon. Je pense à cette phrase de Gainsbourg, le single à mon sens de son roman Evguénie Sokolov, que je récitais par coeur lorsque j'avais vingt ans : "Une nuit, elle vint glisser contre moi sa chair de poulette hérissée au froid polaire du grand hall, et c'est ainsi sur un lit de camp au fond d'une piscine vide où tombaient des étoiles diffuses, que les seuls mots d'amour qu'il m'arriva jamais de prononcer dans ma vie le furent à l'oreille de cette petite sourde-muette.". Dans la débâcle de parfum et de mots sans impact qu'elle lui assenait, suspendue au dessus de son bureau, Christian a cru comprendre "cours du soir", ce qui serait plutôt mauvais signe, mais pour le rancard de ce soir il part quand même confiant, par tempérament. 

 

21.01.00 Il me faut redoubler de vigilance dans mes relations avec les autres quand : trop souvent ma timidité est prise pour de l'ironie ou de la hauteur, mon sens de la retenue pour de la conspiration, et mon hyper sensibilité pour de l'intelligence. En même temps les gens ont l'air de tellement se divertir des petites histoires, querelles et persiflages, que je suis le client idéal car jamais dépourvu d'un bon mot ou d'une formule cinglante sur telle ou tel. Plus par amour - d'ailleurs - de la formule que par dédain de la personne. Mais bon si les deux cas de figure se combinent, quel régal. 

 

Jamais certains membres du groupe ne m'ont autant téléphoné que depuis que je vais à des rendez-vous dans des maisons de disques. Autrefois dans les balbutiements ténébreux de notre carrière débutante, mes rendez-vous avec les petites radios locales, les associations et les programmateurs de petites structures de concerts, les journalistes de presse régionale, ne les concernaient pas plus que ça; la plupart du temps c'est moi qui, une bonne semaine après, leur rappelais que j'avais rencontré untel et quelles en étaient les répercussions; mais depuis que le niveau monte et qu'il y a des rendez-vous dans les labels et les Majors, ils s'enquièrent dès que possible du "Comment ça s'est passé?", jugent à présent de bon ton de s'y intéresser...

 

Et Dieu créa la femme, la sitcom: Christian, matinal, me téléphone de Londres avec une petite voix qui accuse la déception. L'anglaise s'est décommandée au dernier moment, du matin pour le soir. Tout d'abord frappé par l'incorrection d'un tel acte je ne peux ensuite que m'apitoyer sur la lâcheté du mail qu'elle lui a envoyé car bien que travaillant à cinq mètres de lui elle a préféré le prévenir par ce biais plutôt que de lui annoncer de vive voix - à moins qu'elle ait soupçonné quelque chose de bizarre qui lui donne à préférer l'écriture depuis l'incident de l'oreille (et là j'ouvre une parenthèse pour le lecteur occasionnel et néanmoins cultivé qui verra dans cette histoire de l'oreille une allusion à la vie de Vincent Van-Gogh, en demandant à ce lecteur pour la juste compréhension du passage de lire le chapitre 5 dans sa totalité, et qu'il admette ensuite qu'il n'y a pas vraiment de parallèle à établir entre Van-Gogh et Christian si ce n'est que tous deux sont amateurs d'art, avec des motivations et des partis pris esthétiques diamétralement opposés.)   Voici le mail que Christian reçut le matin du jour où il devait emmener la fille voir le film Et Dieu créa la femme au centre culturel français de Londres :   Hey!! Im really sorry but Im going to have to cancel this evening for two reasons...firstly, Im feeling really sick with my throat. I think it is the cold that
everyone has got and secondly, Sebastien, my boyfriend told me last night that
he has organised for some guy to come round this evening to discuss health
insurance or something with us... Im quite busy today, so I wanted to send you a message incase I didn't get
chance to speak to you... Let me know when else you are free so we can reschedule.. Sorry again for the short notice.. Gill   Donc Gill, c'est son nom, annule pour deux motifs aussi crédibles que l'expectative de Virginie Ledoyen dans l'interprétation cinéma de Lol V. Stein : premièrement la grippe, terrible, européenne, inévitable. Deuxièmement son boyfriend, qu'elle prend soin de nommer (Se serait-elle confiée à lui, la conne, et l'aurait-il mise en garde - avec raison - des intentions d'un jeune homme qui vous emmène au cinéma..?), son boyfriend, Sébastien, qui a soi-disant organisé un petit entretien avec un représentant en assurance santé, entretien qui requiert évidemment la présence de la jeune femme. On imagine au brio de l'argumentation qu'ils se sont au moins mis à deux et y ont passé une bonne partie de la soirée pour trouver ces deux formidables et imparables excuses. En fait Gill a dû trouver l'excuse de la grippe, romantique, fleur bleue, l'intérêt des femmes pour la météo, et Sébastien, plus pragmatique et ancré dans les contraintes et paperasseries de la vie moderne, a dû construire l'histoire de l'assurance comme une belle pièce de mécano. Et puis, par équité et soucis de respecter chaque manifestation d'individualité dans leur couple, assis sur le canapé en face d'une table basse, terminant leur dîner par de fantaisistes yaourts aux fruits, c'est ma vision fantasmée du couple, ils ont décidé de garder les deux versions.   Outre le monument de lâcheté digne d'école : "Im quite busy today, so I wanted to send you a message incase I didn't get chance to speak to you..." Christian me raconte qu'au cours de la journée, chaque fois qu'elle a dû traverser son bureau, sans pour autant lui lancer le moindre regard, Gill n'a pas arrêté de tousser démonstrativement pour bien appuyer le fait qu'elle était grippée. Vers 17 heures 30, avant qu'elle ne rentre chez elle, Christian lui envoie ce mail aussi sobre que génial : "Should you not have taken the health insurance before getting sick?" Est-ce qu'il n'aurait pas mieux valu souscrire à l'assurance santé avant de tomber malade? 

 

23.01.00 X me raconte qu'il a apporté mon disque chez sa conquête du moment, et qu'ils ont forniqué dessus toute la nuit. En boucle. Pas mal, non..? m'interroge-t-il avec insistance espérant sans doute que ce genre de détail va me ravir. Mais le plus sensationnel, ajoute-t-il, c'est qu'au matin la première phrase que la jeune femme eût prononcée fut : - Je peux te demander une faveur? Tu peux remettre la chanson n°1."   Pendaison de crémaillère chez Nathalie et sa co-locataire charmantes et parfaites en maîtresses de cérémonie. Je parle successivement avec une pétillante jeune fille qui travaille au journal économique les Echos, puis avec une jeune opticienne de la Place des fêtes à qui je demande de m'esquisser un bref portrait psychologique des convives à lunettes selon le type de monture qu'ils ont choisis, puis une troisième fille complètement pétée qui ne sait plus ce qu'elle fait, boit du champagne, et me demande une quarantaine de fois si je suis le frère d'Yvan Attal, et puisque non si ce n'est pas préjudiciable pour ma carrière de chanteur de s'appeler Jérôme Attal quand il existe déjà un Yvan Attal de super connu et d'inoubliable, évidemment, en "moule dans le salon" dans le film Un monde sans pitié d'Eric Rochant.   Long article étonnant, très Proustien que nous consacre le programmateur de la salle de spectacles d'Achères dans le fanzine yvelinois 78 tours à propos du 4 titres : "Jérôme Attal & les Argonautes : textes intelligents et sensibles, mélodies faussement oisives et empreintes d'une mélancolie cynique, voilà les éléments d'un univers musical qui nous parle de ressentiments amoureux, de désirs contrariés issus de ruptures consommées et encore brûlantes. Il y est aussi question d'intériorisation et de refoulement du désir, de la souffrance qui en découle. Parfois accompagné d'une guitare aux sonorités tendues et rancunières ("La douleur était telle") la voix de jérôme Attal, dont le timbre peut paraître fragile et monocorde, exprime pourtant avec vigueur une certaine sensualité. Sensualité masquant une colère silencieuse et réelle qui suscite, chez son auditeur, une émotion languissante. (...) "La ville quelconque" petite merveille qui nous rappelle qu'un baiser se fane aussi sûrement que les lumières de la ville peuvent perdre en intensité.". Et l'article se termine par : " On appréciera la référence picturale à Munch renvoyant à l'angoisse intérieure de l'individu. Guitare dure, basse lourde et ronflante soutiennent des effets électroniques sinistrés et parasites. Histoire également de ne pas oublier que derrière l'accoutumance à l'indifférence, la violence et la douleur se cachent en arrière- plan." David à qui j'en fais la lecture, reste abasourdi : "Lui, c'est le Guy Debord de la musique! s'écrit-il. Je suis impressionné...moi j'ai des très bons copains à Achères, et je peux te garantir que des gens d'Achères, c'est le seul dans la ville qui est comme ça!" 

 

TV : je regarde cet après-midi l'un des quatre reportages de l'émission Strip-Tease diffusée hier soir, celui intitulé "Ultimatum" et qui suit les crûes désillusions parisiennes d'une jeune provinciale solitaire (On dirait du Rousseau, en moins paranoïaque naturaliste emperruqué mais avec les ongles peints en violet) . Le passage où la jeune fille vient réclamer un peu d'argent à deux théâtreux pour lesquels elle a confectionné des costumes. Leur mépris, leur auto-suffisance et leur joyeuse facilité à faire la morale à cette fille perdue et complètement désespérée à l'idée de devoir retourner chez ses parents. Révolté comme toujours par le nombre incalculable de busards qui se la jouent, qu'on rencontre à Paris dans le milieu du spectacle. Mon goût pour la Bible et les comics américains, un désir de sauver les faibles, toujours dans ces moments l'envie (naïve peut-être) d'être Batman et d'envoyer ma main, à la Bud Spencer, dans la gueule des cons. 

 

27.01.00 A la Clé St-Germain dans le bureau du CRY à discuter avec Héloïse. Soudain un des jeunes responsables des activités musicales proposées aux enfants vient s'enquérir auprès d'Héloïse d'une situation dont elle aurait été témoin plus tôt dans l'après midi et qu'elle se serait empressée à juste raison de signaler : un des enfants en larmes, terrorisé par la femme qui vient le chercher après ses cours de solfège, apparemment sa nounou, cette dernière hystérique, violente, et secouée de spasmes comme sous l'emprise de l'alcool. En écoutant le récit d'Héloïse j'imagine cette méchante femme sous les traits vitriolés de la Chouette le personnage du roman d'Eugène Sue, les Mystères de Paris, dont l'adaptation télévisée me marqua tant dans mon enfance. Et puis au risque de paraître une nouvelle fois ridicule, toujours l'envie de sauver les opprimés, de ne pas laisser les bourreaux, même des nounous bourreaux, cuver leur alcool en toute quiétude. Il faudrait que je me résigne à prendre quelques cours de technique de combat, et puis à aller acheter une cape. 

 

Rodolphe a câlé une date de concert avec la nouvelle équipe du Sentier des Halles pour le lundi 13 mars. Je fais un peu la grimace pour le jour : un lundi. Mais Rodolphe me dit qu'au contraire ce n'est pas si mal, c'est le jour attitré des show-cases. Il nous faut une première partie. je propose X mais le nouveau programmateur du Sentier a aussi ses idées, et dans ces cas là c'est souvent la partie organisatrice qui impose ses vues. En attendant il faut que je pense à quelques blagues pour meubler entre les changements de guitare samedi soir à St-Denis. 

 

Demi-finale Agassi / Sempras : passionnante. La tenacité, la force mentale d'Agassi pour revenir au score et emporter le quatrième set. Une grande leçon mythologique pour les jours où tout joue contre nous et sonne inéluctablement la résignation à la défaite. 

 

30.01.00 Mal de dos atroce qui m'a pris hier soir pendant les balances, et ce matin impossible de bouger le moindre petit doigt, bien que les doigts ne soient pas dans le dos, sinon on pourrait se dispenser de banales déclarations d'amour pour obtenir de voluptueux massages. Peut-être ai-je pris froid lors de nos périples à St-Denis, la salle de concert ne disposant pas de catering ( = cantine) elle nous a offert le couvert au Supermarché Casino, ainsi nous avons traversé la ville de St-Denis à pieds sous un froid poli pour la saison mais néanmoins présent, pour finir par dîner en costume de scène parmi les familles qui viennent faire plaisir aux enfants en les emmenant le samedi soir au self-service. Joyeuse ambiance donc, de kermesse aseptisée, et tractage sauvage entre les plateaux repas décidé par le batteur du groupe yvelinois Joan Doe qui a une grande gueule et ne perd jamais une occasion de l'ouvrir. Solution pratique de catering, mais au final c'est assez plaisant, et si ce n'était la qualité, il y a quand même plus de choix qu'un sempiternel taboulé de saucisson ou une unique bouillie de cabillaud surgelé devant lesquels on nous attable trop souvent dans certaines salles de concert. Au menu artiste, donc, du Supermarché Casino : 

crudités (carottes râpées, choux rouge, oeuf mayonnaise)

viande de boeuf avec frites, ou, calamars avec riz

fromage ou tartes diverses

+ boisson

+ cafés sous forme de jetons que nous offrons en nombre à un couple avec enfants à la table d'à côté. Pour ma part j'ai pris les carottes râpées et une assiette de riz. Et puis aussi une tarte que j'ai offerte à Emmanuel (qui du coup a pris le fromage, quelle stratégie!) Emmanuel nous a tellement aidé par le passé (allers-retours avec sa voiture, prise en charge du matériel, paperasserie, promotion) que j'ai toujours la volonté de l'inclure dans la troupe et quand il vient nous voir en concert lui proposer de dîner avec nous, quitte à me priver de ma part dans le cas d'organisateurs avares et irréductibles. A la Ligne 13 pas de problème : charmants, prévenants, parfaits, du staff d'accompagnement des artistes à celui de la régie scène. En fait, Emmanuel, qui se présente dorénavant comme président du fan-club, est un parfait baromètre : si l'organisation ne se fend pas d'un ticket supplémentaire pour lui permettre de dîner avec nous, c'est que l'organisation craint. Et cette indigence me restera sur l'estomac pendant tout le concert. En rentrant de la cafétéria et tombant dans le couloir qui va des loges à la scène sur une vieille affiche promotionnelle de Bashung pour un concert à la Ligne 13, j'imaginais avec amusement Alain Bashung après avoir terminé ses balances, trimballé jusqu'au Supermarché Casino et devoir prendre un plateau repas avec son ingé-son et sa maquilleuse parmi la foule du samedi soir joviale et éberluée.   Pour en revenir au concert, le nôtre, il n'y avait bien entendu pas grand monde, mais dans ce pas grand monde, presque exclusivement des filles, dont certaines venues en bande depuis Paris, ce qui a le mérite de sauver l'honneur à défaut du moral. 

 

04.02.00 De toute façon je donne tout contre une journée de pluie sur Auteuil. Elle exécute dans la cour une figure d'escrime. Le matin, pour tout petit-déjeuner, il prenait : un amour platonique comme un grand bol d'air frais.   

 

14.02.00 St-Valentin avec Marine, en mangeant pour unique dîner un gâteau de chez Lenôtre au chocolat et à la mandarine. Le rare bonheur est bien réel.

 

15.02.99 Deuxième journée d'une angine tenace. Un héros grec dans le métro. Hier en revenant de chez le médecin, boulevard du temple, j'ai failli défaillir, la fièvre et la compression dans le métro, ma vision s'est tout à coup obscurcie, les ténèbres tombaient devant mes yeux comme pour un personnage d'Homère terrassé en pleine guerre de Troie, secoué de frissons et mes jambes (comme mes lecteurs parfois) ne me supportant plus, j'ai dû descendre à la station Alma Marceau afin de récupérer un peu d'air, façon de parler, sur un siège bleu en plastique encastré sur le quai.

 

J'ai regardé "les Parapluies de Cherbourg" et ça n'a pas manqué, j'ai pleuré comme une madeleine de Commercy. 

 

16.02.00 En attendant Lenoir sur France Inter, j'allume la télé et sur M6 tombe sur une émission qui, dans la mode captivante du moment, consiste à grands renforts de séquences sorties des tiroirs de l'INA à exploiter la nostalgie des trentenaires neurasthéniques et décontenancés par la fuite du temps depuis le jour déjà lointain où ils ont dû raisonnablement se convaincre qu'il valait mieux dé-punaiser les posters de Duran Duran des murs de leur chambre, émission fourre-tout qui revient sur différents moments de la télé, commentés ou explicités (au cas où ce serait vraiment trop subtile et réservé aux seuls bac +12 des téléspectateurs) par les intervenants qui ne sont pas morts depuis.Or ce qui me retient devant le poste c'est l'un des sujets concernant une interview de Gainsbourg au journal parlé de FR3, à l'époque de "Charlotte for ever", Gainsbourg que je trouverai toujours touchant, que je défendrais toujours (même contre Desproges c'est dire!), et où les protagonistes de l'époque reviennent avec égocentrisme et complaisance (mais c'est le jeu n'est ce pas?) sur le côté décalé et saoul de Gainsbourg comme si c'était la grande affaire du siècle. Or Gainsbourg soit disant pété dit des trucs qu'il dirait tout aussi bien à jeun, un peu de manières en plus, c'est tout. La phrase clé d'ailleurs dans cette interview, qu'il énonce dans un état de souffrance et de nudité exacerbé par l'alcool je veux bien l'admettre c'est "Je n'aime pas être attaqué". Non pas "j'ai peur d'être attaqué" mais "je n'aime pas", "je n'aime pas être attaqué".   Quant à "Charlotte for ever" le film, je me souviens m'en être servi pour illustrer un exposé oral en licence de cinéma à Censier, un passage avec deux travellings, avant et arrière reliés par un fondu enchainé si ma mémoire est bonne, "Charlotte for ever" (habituellement considéré comme un nanar) exprès pour emmerder le prof et mes camarades vraiment très élitistes voire snobinards dans leurs goûts et, comme c'était à prévoir, je ne reçus que des félicitations pour mon exposé et le choix si sagace des extraits utilisés, la mise en valeur de "Charlotte for ever" considéré par un retournement de situation comme seules les élites en ont la maniaque habileté, comme la hype de l'underground et l'underground de l'à-propos. 

 

Journée difficile. L'angine qui m'affaiblit, et j'ai conduis mon père à la clinique sous une tempête de grêlons. Tout le temps accompagné dans ma tête par les violons de Michel Legrand; si ça continue "Les parapluies de Cherbourg" vont se transformer pour mes voisins en parapluie baconien, qui englouti et qui oppresse comme dans la toile intitulée Painting, 1946. En rentrant à Paris, les lumières de St-Cloud, les appartements. X prend ma défense devant Y : "Jérôme n'est pas un romantique; il aime le mystère, le secret et les actes romantiques, c'est différent. Il n'est pas Dartagnan, il est Aramis."   

 

19.02.00 Elle supportait mal la solitude, comme - et l'image la plus exacte serait - un mal de mer, vague et consentant, qui confondrait plancher et plafond, ne supportant pas plus la bassesse que les faux airs d'altitude, n'importe quel carré de soleil, n'importe quelle amorce de printemps dans l'air qui la ramenait aux instants où elle avait crû être deux et que cela durerait, ou encore qu'il était si facile de changer de garçon et de continuer à aimer de la même façon, en gardant son sentiment de bien être intact, en soi, avec l'insolence naturelle de celles pour qui tout réussi, toujours, alors depuis cette sotte séparation - elle n'avait pas du tout envisagé qu'il aurait été si simple pour lui de s'enamourer d'une autre fille - elle prétextait n'importe quelle occasion pour partir en week-end, loin de cette ville devenue oppressante, tentaculaire pour du vent privée de bras où s'abandonner, un peu comme les petites pinces métalliques des machines foraines qui s'abattent sur des cadeaux précieux pour au final quatre vingts dix neuf fois sur cent revenir bredouille, ne brasser que de l'air, le corps à genoux et le coeur sans genouillères, décrochant son téléphone et ne sachant plus quoi raconter aux garçons qui lui téléphonaient pour prendre de ses nouvelles avec plus ou moins de sincérité ou lui proposer des sorties, la sortie érigée en mode de survie, des garçons qui mettaient la pression depuis qu'ils sentaient que la place était à prendre, et d'ailleurs qui sait succomberait-t- elle un jour à l'un de ces crétins ou plus vraisemblablement à un nouveau venu, séduisant de par son indigénat, et tout serait facile à nouveau, et de nouveau elle aimerait la ville, le soleil et les fêtes foraines, elle qui était née longtemps déjà après ce temps où la mode avait été pour les petits clubs et les discothèques de prendre pour nom et enseigne le numéro de rue où ils se situaient. 

 

20.02.00 Dîner très charmant avec Christian, hier soir au Fumoir. Aujourd'hui après - midi, avant qu'il ne reprenne l'Eurostar dans la soirée, nous nous retrouvons pour une promenade dans la ville de X Christian me dit : Tu habites Paris et j'habite Londres et le dimanche après-midi on a rien de mieux à faire que de se retrouver dans ce bled paumé pour chercher des filles... 

 

21.02.00 Sylvain (bassiste) quitte le groupe. L'annonce est solennelle, abrupte, presque incroyable, pendant une séance de travail. Il dit qu'il n'a pas envie de sacrifier sa vie de couple, et qu'après mûre réflexion il ne se sent pas fait pour une vie artistique, faite de sorties nocturnes, d'incertitudes, et d'inconfort moral et financier. Il repart donc sur Nevers d'où il est originaire et où il aurait des opportunités d'emploi. Il dit aussi qu'il ne veut pas nous laisser dans l'embarras. Qu'il assurera donc le concert du Sentier des Halles le 13 mars, et puis si nous n'avons trouvé personne par la suite il viendra également pour les concerts prévus les mois suivants. Et ce jusqu'en Juillet date à laquelle il envisage son retour définitif à Nevers. Cette nouvelle me plonge dans une grande tristesse. 

 

22.02.00 Après que l'annonce de son départ m'ait laissé toute la nuit éveillé, absorbé par diverses pensées, je dis ce matin à Sylvain que je préférerais qu'il quitte définitivement le groupe après le concert du Sentier des Halles, que j'aurais du mal a travailler avec lui ensuite, même ponctuellement, sachant qu'il n'est pas là pour s'impliquer dans l'aventure.Reste à savoir à présent si nous allons continuer à quatre (ce qui est plutôt stimulant et tout à fait envisageable, la basse pouvant être programmée, par exemple il n'y a pas de bassiste sur la plupart des morceaux dans les concerts de P.J. Harvey, et quand vraiment la chanson le demande, un des musiciens quitte son instrument attitré pour prendre la basse) ou bien nous mettre en quête d'un nouveau bassiste (ou d'une bassiste, les jeunes filles qui font de la basse c'est assez à la mode en ce moment dans la pop-rock, ce qui n'est pas pour me déplaire). Bien sûr cette histoire de Sylvain qui nous lache, vient nous déstabiliser dans un moment où je suis particulièrement fragile, mais j'espère que bientôt elle nous fera rebondir. En avant. En avant toute.   La tête en arrière, son rire jeté par dessus l'épaule d'une chaise à bascules, elle renversait les hémisphères en applaudissant des deux mains. Je lui demandai si par hasard elle ne jouait pas de la guitare basse. Elle me demandait d'être raisonnable, en épongeant mon front fiévreux de sa longue main blanche.

 

 23.02.00 En répétition j'écoute Sylvain qui parle du poste de fonctionnaire qui l'attend à Nevers, et de la vie rêvée sur le plancher des vaches. Je trouve ça d'autant plus triste (triste est certainement le mot le moins dur que j'aie trouvé) que j'aimais beaucoup Sylvain, qu'il avait participé à des étapes importantes de notre aventure, et que bien que n'étant pas dans le groupe depuis son origine il y avait (ou aurait pu) trouvé (er) sa place et participait à son intégrité; mais malgré mon affection et ma reconnaissance il n'est pas dans mon intention d'être conciliant avec son départ, il faut bien qu'il comprenne que c'est quand même lui qui nous lâche. Contrairement à d'autres membres du groupe, il n'est pas dans mon intention de faire comme si de rien n'était, et de le dédouaner, par la même occasion, du fait qu'il reste avant tout, aujourd'hui, le type qui nous lâche (et pour le coup c'est le mot le plus juste que j'ai trouvé).   Le type qui fait de la musique tout seul chez lui, sur son ordinateur. Qui est tout fier d'avoir fait son album comme un grand, dans sa cave ou son garage en ayant joué lui-même de tous les instruments et ayant mixé et enregistré tous les morceaux en ayant bu toutes les canettes tout seul, ça n'a rien à voir, ce ne sera jamais la même idée de la musique. Lui, c'est la bibliothèque rose à côté de ce que je vis.   Nous discutons avec Rodolphe, installés sur des banquettes qui se font face, dans le café à la sortie du métro Michel-Ange Auteuil. Je compare X à Anne d'Autriche et Rodolphe me dit : - Je vois pas qui c'est Anne d'Autriche, mais c'est certainement pas le genre de filles qui me fait kiffer!  

 

24.02.00 St-Germain-en-Laye. Je suis passé au CRY (passé au crible) pour annoncer que je cherchais un(e) bassiste, mais en suis ressorti amer, comme retombé dans les réalités du monde des musiciens et des groupes. Enfin, c'est difficile à expliquer, je n'ai pas de mépris pour ce milieu là mais ce que je cherche avant tout c'est un tempérament de mousquetaire, quelqu'un d'impliqué dans le groupe et qui en plus jouerait de la basse comme Athos de l'épée. Enfant, dans les cars couchette je ne m'octroyais toujours qu'un petit carré de couverture et sans pouvoir dormir n'osais pas plus bouger de peur de réveiller ou de déranger les autres enfants, même fiévreux je maîtrisais mon souffle, même enrhumé m'empêchais de renifler ou de tousser, et toujours de l'amitié le plus intransigeante, de la fiabilité la plus altière et de la tristesse la plus consentante. 

 

27.02.00 Des têtes de poupées russes sur des jambes d'allumette. Une soirée parisienne avec des mannequins au mètre carré; enfin pas tout à fait mannequins, si l'on y regarde bien, une partie du corps quand même abîmée, bouffie par les efforts du paraître intelligent en toutes circonstances. L'une d'entre elles, pleine de tenue lascive et d'une finesse qui aura su parfaitement épouser les chaises et les canapés de ce genre de soirées avant d'épouser un connard qui s'ignore sous un aspect modern life is in my wallet, me dit : "Jérôme, je suis persuadée que vous préférez le plaisir de fouiller dans une librairie plutôt que celui de cliquer sur Internet." Je me suis dit après coup que c'était peut-être une invitation sexuelle un peu prétentieuse ou maladroite. X, désarçonnée par les fréquentations de son frère, me prend à part et me demande pourquoi les types qui font Sciences-Pô ont tous la même tête et sont toujours pleins aux as.   Reçu un très gentil courrier de Pierre Blanquet dont j'aime beaucoup la dernière chanson "Soigne les finitions". Cette après-midi j'ai écouté du Miles Davis, et suis allé faire une promenade dans le quartier, la même promenade que faisait Jean- René Huguenin quand il habitait rue Rémusat. En rentrant, je me suis préparé un thé et j'ai parcouru mon journal intime de l'année 1992 que j'ai retrouvé sur une vieille disquette. Amusé par quelques phrases comme : Mes quelques semaines amoureuses avec X furent ce que j'appèlerais : du vampirisme à l'amiable. ou encore, plus loin, Si j'étais en accord avec moi-même je serais végétarien depuis que je me suis aperçu que les jeunes gens de mon époque étaient des boeufs et se comportaient comme des veaux.  Ce soir j'ai montré Les parapluies de Cherbourg à Marine qui ne l'avait jamais vu, et j'en reprends (de mon plein gré) pour une semaine de tristesse et de mélancolie. 

 

29.02.00 Marine s'est fait agressée dans le métro. Par une folle qui l'a frappée par derrière avec un sac rempli de bouteilles en verre. Elle arrive chez moi en pleurs, très choquée. D'autant qu'auparavant elle a retrouvée comme prévu ses bonnes copines Y et Z qui devant son émotion n'ont rien trouvées de plus intelligent à dire que : "Tu sais ma chérie, dans la vie il n'y a ni victimes ni bourreaux...en fait, quand on se fait agresser c'est qu'on est soi-même dans un certain état d'esprit qui prédispose à se faire agresser...". En tout cas il y a de ces réflexions particulièrement qui vous mettent dans un certain état d'esprit à distribuer des paires de claques à la paire de connes qui les a émises.   

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